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Le mythe de la démocratie

                                                                                                                                                


   

Le mythe de la démocratie

                                                      Claude Kessler (2021)

                                                

"Les citoyens qui se nomment des représentants renoncent et doivent renoncer à faire eux-mêmes la loi ; ils n’ont pas de volonté particulière à imposer. S’ils dictaient des volontés, la France ne serait plus cet État représentatif ; ce serait un État démocratique. Le peuple, je le répète, dans un pays qui n’est pas une démocratie (et la France ne saurait l’être), le peuple ne peut parler, ne peut agir que par ses représentants." 

L'abbé Sieyès, Discours du 7 septembre 1789.   

 

Parler à la place de quelqu'un, c'est le réduire au silence. Et ainsi fut fait. Pourtant les politiques et les médias ne cessent de  qualifier la France de démocratie, et nombreux sont les habitants, ni peuple, ni citoyens, qui s'accrochent désespérément à cette illusion et refusent de reconnaître qu'ils sont assujettis à  une véritable dictature de la bourgeoisie, dictature libérale, mais dictature quand même. Cependant la prise de conscience est en marche et se traduit par le refus d'être les complices de cette mascarade. Nombreux sont ceux pour qui ne pas voter est devenu un devoir moral. 

La surdité du pouvoir politique rend vaine toute parole alors que les représentants de la Nation ne représentent plus qu'eux-mêmes et les intérêts de leur caste, au détriment de la France et des Français. Le but des démocraties modernes n'est pas de donner la parole aux peuples, même par l'intermédiaire de représentants, mais de contrôler les populations par la propagande et la manipulation psychologique ou, à défaut, par la violence.

Si la démocratie est une illusion, la démocratie représentative, telle que nous la connaissons, mène  inévitablement à une impasse, quand ce n'est pas à une escroquerie.

Que les politiques et les médias de propagande parlent de démocratie n'a rien d'étonnant même, et surtout, s'ils ne sont pas dupes de leur fable, et comment pourraient-ils l'être ? Il s'agit pour eux d'entretenir l'illusion chez les électeurs que leur parole compte, qu'ils participent ainsi au pouvoir ou en tout cas qu'ils ne sont pas gravement dépossédés de leur vie.

Le plus étrange est que le peuple, ou, si l'on préfère, la population, non seulement adhère à cette mystification, mais s'y accroche désespérément. Pourquoi ce refus d'une vérité évidente ? Pour beaucoup, la France est une démocratie parce que cela se dit à l'école, dans les médias,  cela s'écrit et se proclame comme l'existence de dieu et d'une vie après la mort. L'espoir fait vivre et  l'âne suit la voix de son maître. L'âne ne sait pas trop ce qu'est une démocratie et s'imagine que cela se réduit à choisir, sans autre liberté que celle de refuser le vote, le Léviathan qui va le dévorer sous prétexte de le protéger. Par contre ceux qui ont compris que cette démocratie n'est qu'une supercherie défilent dans les rues pour réclamer un gouvernement par le peuple pour le peuple, sans savoir qu'ils veulent simplement changer de maître.

C'est l'idée même de représentation qui mène à une impasse. Comment représenter plusieurs millions de personnes ? L'art de gouverner se réduit alors à celui de conserver le pouvoir grâce au soutien des puissances d'argent. Les "représentés" sont ainsi sacrifiés aux intérêts des "représentants" et de leurs commanditaires. Autrement dit, ceux qui gouvernent représentent bien quelqu'un, mais pas leurs électeurs. On dit qu'ils représentent la Nation, mais apparemment celle-ci se réduit aux actionnaires du CAC 40. Après il faut bien reconnaître qu'une majorité se complaît dans cette situation qui l'infantilise et la déresponsabilise. Beaucoup rêvent de mener une vie de château dans leur zoo, comme si la vie n'était qu'un mauvais moment à passer.

Le manque de démocratie  n'étant pas qu'une plainte mais une réalité, pourquoi tant de Français s'accrochent-ils  à ce point à l'illusion d'une démocratie ? Il s'agit là d'une  des grandes réussites du marketing politique qui n'a décidément rien à envier à ce que fut la propagande des prêcheurs de l'Église. Les curés avaient compris bien avant les psy comment manipuler l'âme pour asservir et instrumentaliser le corps, l'inquisition faisant le même travail, mais en sens inverse. On se souvient de la  chanson de Jean Ferrat :

"Comme cul et chemise comme larrons en foire
J'ai vu se constituer tant d'associations
Mais il n'en reste qu'une au travers de l'histoire
Qui ait su nous donner toute satisfaction
Le sabre et le goupillon
L'un brandissant le glaive et l'autre le ciboire
Les peuples n'avaient plus à s'poser de questions
Et quand ils s'en posaient c'était déjà trop tard
On se sert aussi bien pour tondre le mouton
Du sabre que du goupillon."

Mais, la vraie démocratie, celle que personne ne rencontre dans la réalité, le concept donc, l'idéal, c'est quoi ?


En quelques points :

1) C'est la séparation des pouvoirs législatif, exécutif et judiciaire. Mais en France, un seul individu et son groupe cumulent l'ensemble des pouvoirs, c'est ce que Montesquieu appelle despotisme.

2) C'est un gouvernement dans l'intérêt du bien commun alors qu'en France Macron et son groupe gouvernent dans l'intérêt exclusif des ultrariches (0,1 % de la population). La situation a bien évolué depuis l'après-guerre et n'est guère différente de celle des États-Unis *.

3) Ce sont des élections libres, des élections basées sur le libre choix défini par Descartes comme choix éclairé, et non un choix manipulé par la propagande et fait par des électeurs induits en erreur et trompés. Il y a eu 2 Macron : le candidat et celui qui a été élu : deux versions différentes du même.

4) C'est un État de droit, ce qui inconciliable avec la corruption à laquelle nous assistons (des individus plus préoccupés par leurs intérêts personnels ou de caste que par le bien public) et une réelle inégalité devant la loi et la justice. Les violences contre des manifestants pacifiques, violences largement cautionnées par le pouvoir politique et dont le but est d'installer un climat de peur afin de dissuader les Français de se prévaloir d'un droit constitutionnel, sont difficilement conciliables avec l'idée que l'on peut se faire d'un État de droit. Il en va de même pour ce qui est des inégalités devant une justice d'État et le détournement des institutions au profit d'une minorité de nantis. C'est le plus fort, le plus riche, le mieux armé qui finit par imposer sa volonté à la loi et à la majorité de la population.

5) Dans une démocratie, le peuple ne doit pas être exclu des choix politiques (on a vu comment le NON au référendum sur le projet de Constitution européenne a été contourné par la ratification parlementaire du traité de Lisbonne). Le Conseil constitutionnel qui, outre le contrôle de la conformité des traités internationaux à la Constitution, a pour mission de contrôler le Parlement, mais non le gouvernement et encore moins le président de la République, a gravé dans le marbre la dérive anti-démocratique de la France en décidant qu'une loi référendaire pouvait être modifiée ou abrogée par une loi parlementaire,  ce qui est à l'opposé de la volonté des créateurs de la 5ème République qui était de faire prévaloir le principe de la souveraineté populaire sur la volonté du Parlement. Quant aux traités internationaux, quand ils contreviennent aux dispositions de la Constitution, celle-ci se voit modifiée en conséquence.

6) Ce n'est pas parce qu'on jouit encore de quelques libertés et qu'on n'est pas enfermé pas dès que l'on critique le pouvoir, qu'il y a démocratie. L'autre façon de museler le peuple c'est d'être sourd à ce qu'il dit.

7) Toute société démocratique est basée sur le concept de contrat social, lequel, comme tout contrat, suppose un consentement éclairé de la part de contractants égaux en droits. Cela exclut toute tromperie et tout mensonge venant induire en erreur l'une des parties. Or, ce à quoi nous assistons en France est à l'opposé de ce que devrait être un contrat puisque la politique y est réduite essentiellement au mensonge et à la tromperie puisque la priorité de tout élu et de se faire réélire dans une logique où tout semble permis pour accéder au pouvoir et le conserver (on se souvient du sort réservé au candidat Fillon).

8) Pour finir, disons un mot de la presse, présentée parfois comme étant un quatrième pouvoir. La concentration des médias entre les mains de quelques ultra-riches a réduit l'information à être essentiellement de la propagande au service d'un pouvoir à la solde des puissances d'argent qui font élire leur candidat comme ils vendraient n'importe quelle marchandise. 


Y a-t-il un remède à cela ? La démocratie reste un idéal. Le pouvoir au peuple, le droit de tout individu de disposer de sa vie au sein d'une communauté, passe forcément par la volonté d'une majorité, avec le risque évident de léser les minorités. À partir d'un certain seuil de population, un gouvernement par le peuple n'est guère concevable sans une représentation, élue ou non. Il est donc indispensable, pour que les principes qui fondent toute démocratie ne soient pas détournés, que le peuple puisse garder un contrôle sur ses représentants entre deux élections, avec un pouvoir de révocation. Ce n'est qu'à cette condition que l'État pourra œuvrer dans l'intérêt du bien commun et ne pas être l'instrument de pouvoir et d'enrichissement d'une caste.

Actuellement la France est une monocratie, autre nom pour une dictature, basée sur une répression forte. Rien d'étonnant à cela puisque la Constitution de 1958 a été rédigée pour un général appelé au pouvoir par les élus de la nation sous la menace d'un coup d'État militaire. Comme cela ne suffisait pas, ils ont voté les pleins pouvoirs au général de Gaulle comme ils l'avaient fait pour le maréchal Pétain en 1940. La menace avancée actuellement pour justifier cette dictature est l'épidémie de covid, précédemment ce fut le terrorisme. Les états d'urgence qui se succèdent ne font que renforcer un pouvoir qui ne tient que par la violence, la complicité des élites et la soumission d'un peuple plus préoccupé à consommer qu'à préserver le droit de toute personne de disposer de sa vie.

 

Ajout 1

Cet été 2021 nous livre une autre perle de la "démocratie française". Après des élections libres mais sous influence, nous découvrons, à l'occasion de la vaccination anti-covid, le consentement éclairé sous contrainte. Donc les Français, pas tous mais ceux hostiles à des vaccins qu'ils considèrent comme étant expérimentaux et non dépourvus d'effets secondaires pouvant être graves, se voient contraints, sous la pression de différentes menaces * émanant de l'État de subir une vaccination qu'ils redoutent ou refusent au nom de droits qu'ils s'imaginaient avoir, eux qui pensaient vivre au pays des Droits de l'Homme et du Citoyen., comme ça se dit à l'école et dans les journaux.

Quelle est la valeur d'un consentement extorqué sous la menace ?  Sans doute aucune. En tout pas plus que des élections sous contrainte mentale et morale comme nous les connaissons.

Le côté positif de la dérive totalitaire de cette fausse démocratie mais vraie dictature libérale qu'est la France actuelle, est que de plus en plus de citoyens s'interrogent et se refusent d'être les complices d'un système que rien ne semble pouvoir faire évoluer dans le carcan de la Constitution de 1958 et sans pouvoir de contrôle des électeurs sur l'action des élus. Cela s'est traduit par une abstention record (67,5 %) aux élections régionales et départementales de juin. Pour beaucoup ne pas voter est devenu un devoir moral, celui de ne pas se laisser instrumentaliser par ceux qui détournent la démocratie pour ne satisfaire que leurs ambitions personnelles et défendre les intérêts des "copains".

C'est là qu'on se dit qu'au moins De Gaulle, auquel on doit cette fameuse constitution de 58, gouvernait dans l'intérêt de la France alors que ceux qui lui ont succédé n'ont eu d'autre but que leur enrichissement et leur petite gloire. C'est aussi l'inconvénient d'une classe politique, de professionnels de la politique qui se font élire par le peuple pour les oublier, ensuite, jusqu'aux élections suivantes.

Les évènements sanitaires nous montrent les limites de l'État de droit. De fait, il est facile pour ceux qui disposent de la police et de l'armée de suspendre pour une durée renouvelable droits et libertés, ou plus simplement de voter de nouvelles lois quand le rôle des députés se limite à donner une forme légale aux décisions du gouvernement et du chef de l'État, ou encore aux directives de la Commission européenne.

* La suspension du contrat de travail sans rémunération pour les salariés sans pass sanitaire valide n'est pas la moindre des menaces. Mais c'est avec l'exclusion des "patients sans pass" des soins hospitaliers, sauf urgence, que l'on peut constater le nouveau monde dans lequel vivent les Français.

 

Ajout 2

La singularité de la position du pervers est de se définir comme étant l'un et l'autre, ceci et son contraire : homme et femme, mort et vivant,  humain et animal, parent et amant de son enfant, etc. Dans le champ social, nous sommes habitués à de tels désaveux de la différence depuis le "Je suis de gauche et de droite" qui a succédé au "ni de gauche ni de droite du candidat Macron aux élections présidentielles *.

Ce même désaveu de la différence s'exprime dans le fait d'émettre des affirmations contradictoires. Nous en avons l'illustration actuellement à travers la vaccination anti-covid qui est présentée par le pouvoir et les médias comme n'étant pas obligatoire mais qui est faite sous la contrainte et les menaces de l'État, en tout cas pour ceux qui ne sont pas demandeurs.

Le désaveu de la différence est une généralisation des concepts freudiens de désaveu de la castration maternelle et de clivage du moi. Une telle expérience se retrouve sans doute chez la plupart des enfants, sauf que certains semblent y rester fixés alors que d'autres la refoulent. Dans cette dernière hypothèse, celle du refoulement, le désaveu de la castration maternelle survit comme noyau pervers inconscient et alimente la quête d'un Autre phallique maternel, ou plutôt maternel et paternel, les deux en Un, ce  dont atteste le fantasme des parents combinés que l'on retrouve dans la théorie de Mélanie Klein.

Le désaveu de la castration maternelle n'est alors qu'un cas particulier du désaveu de la différence et de ses effets de coupure, de séparation et de perte. Accéder à la différence des sexes, c'est se savoir être homme ou femme, ou exclusif qui vient interdire de se penser être  les deux à la fois. Pour le Code Civil on naît de sexe masculin ou féminin en fonction de l'anatomie, même les hermaphrodites se retrouvent ainsi classés dans l'une ou l'autre de ces deux catégories. Ce n'est que dans la mesure où le sexe du nouveau-né ne peut pas être défini qu'il est possible de ne pas mentionner un sexe dans l'état civil en attendant que l'anatomie se précise***.  Et même si un jour il devenait possible de choisir  son genre indépendamment de son anatomie par une inscription à l'état civil, il serait étonnant que, sauf glissement sociétal pervers majeur, quelqu'un puisse être défini socialement et juridiquement comme étant des deux sexes à la fois.

Mais le désaveu de la différence dépasse largement la question de la différence des sexes. Il peut prendre la forme du désaveu de la différence des générations, des espèces, du vivant et de la mort, du vrai et du faux, du bien et du mal, etc. C'est un clivage du moi qui  vient permettre l'affirmation simultanée d'une chose et de son contraire, sans doute sur la base d'une perturbation de la séparation mère/enfant.

Le noyau pervers ainsi défini se distingue donc de ce que l'on met habituellement sous les termes de perversion et de perversité. De même, le désaveu de la différence est d'une toute autre nature que la forclusion du signifiant qui est une non-symbolisation de la différence, une in-différence. On aura compris que ce "l'un et l'autre" prend aussi le sens de "ni l'un ni l'autre", au-delà ou en-deçà de la différence. Un personnage comme Hermann Goering, le dirigeant nazi qui a été étudié par une pléiade de psychiatres et de psychologues in vivo et post-mortem,  illustre bien cette réalité : il se travestit pour cacher son asexuation : ni homme ni femme, il est voué aux plaisirs prégénitaux et à l'amour idéalisé pour des substituts maternels. D'un côté il est le Reichsmarschall de Hitler et de l'autre il joue au train électrique dans sa résidence de Carinhall où il reçoit occasionnellement ses invités vêtu d'une toge romaine, portant rouge à lèvres et vernis à ongles. De la même manière il se dit ne pas être antisémite tout en ayant participé activement à la politique de persécution des Juifs. Et évidemment il ne sent pas coupable de ses crimes ou de ceux auxquels il s'était associé et pense qu'il n'est pas un mauvais type car il a promulgué des lois pour la protection des animaux. À ce stade, c'est la pensée elle-même qui est pervertie et non seulement la perception de la réalité. 

*https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/10/27/thomas-philippon-le-vrai-danger-c-est-quand-les-ultrariches-ont-un-poids-politique-demesure_6017096_3234.html

**https://www.rtl.fr/actu/politique/videos-macron-affirme-desormais-etre-de-droite-et-de-gauche-7787662882

***"Une circulaire du 28 octobre 2011 " relative aux règles particulières à divers actes de l’état civil relatifs à la naissance et à la filiation"  préconise d’éviter la mention de "sexe indéterminé " lorsque le sexe de l’enfant est incertain et d’indiquer "le sexe qui apparaît le plus probable " au médecin. Cependant, lorsque ce dernier estime ne pas être en mesure de donner immédiatement une indication sur le sexe probable du nouveau-né mais qu’il pourra le faire dans un délai de 2 ans, à l’issue de traitements appropriés, l’acte de naissance peut exceptionnellement ne pas mentionner le sexe de l’enfant. Il sera, par la suite, complété par décision judiciaire (Circ. 28 oct. 2011, NOR : JUSC1119808C)."https://iej.univ-paris1.fr/openaccess/libertes-famille/lecon1/sect2/ii-mention-sexe-neutre/

 

Ajout 3

La rhétorique de la justification de la démocratie dite représentative n'a qu'un but : convaincre les Français d'accepter d'être privés d'une souveraineté qui leur a été au préalable reconnue.

Le principe de la démocratie représentative est simple et pourrait être résumé en une seule phrase : le peuple, disons les Français, est trop bête pour se gouverner lui-même, il est nécessaire qu'une élite prenne les choses en main et gouverne le pays. On connaît la métaphore du berger et de son troupeau, il y a aussi celle de l'incapable majeur placé sous tutelle. La question n'est pas de savoir si cette vision du citoyen est justifiée ou non, mais de saisir le glissement qui fait qualifier  de démocratie la mise sous tutelle de tout un peuple, sachant que la possibilité de choisir qui sera son tuteur n'y change pas grand-chose.

Le sophisme qui occulte la réalité du champ politique français s'exprime pleinement dans ce texte officiel d'information sur la vie publique française: https://www.vie-publique.fr/parole-dexpert/270252-la-souverainete-nationale. On commence par nous rappeler que la république est "le gouvernement du peuple par le peuple, pour le peuple (article 2 de la Constitution)", pour préciser ensuite que l'exercice de la souveraineté nationale est délégué par les citoyens à des représentants élus.

Et c'est bien dans ce tour de passe-passe qui mène de la souveraineté populaire à la souveraineté nationale, du peuple à la nation, que se trouve le "truc" qui permet d'affirmer une chose et son contraire et de présenter une oligarchie comme étant une république démocratique.  Mais cela n'a rien d'étonnant, le langage politique étant en tout point assimilable à celui du marchand essayant de vous faire prendre  des vessies pour des lanternes. Nous avons aussi l'expérience de l'ancienne RDA, la République démocratique d'Allemagne, qui a été un véritable État totalitaire.

Mais revenons à notre texte d'information. Il commence par affirmer que dans une démocratie le pouvoir est détenu par le peuple. C'est là effectivement le sens littéral de l'expression "démocratie". Puis le terme de nation est substitué à celui de peuple, la nation étant définie  comme étant "le peuple, constitué en un corps politique". Là on nous cite l’article 3 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen du 26 août 1789 qui énonce : "Le principe de toute Souveraineté réside essentiellement dans la nation."

Cependant la suite du texte nous fait comprendre que le peuple constitué en corps politique c'est en fait le peuple privé de la souveraineté, celle qui lui était pourtant reconnue précédemment. Exit la souveraineté populaire et entre en scène la souveraineté nationale exercée par les représentants du peuple. Ce qui vient justifier cette amputation, ce sont "les contraintes de l’exercice du pouvoir"  qui "impliquent que cette souveraineté soit déléguée : le peuple, bien que constitué en corps politique, ne peut en effet délibérer directement sur les affaires publiques. Cette mission est donc confiée à des représentants élus, dont les décisions constituent l’expression de la volonté générale."

Voilà donc la formule magique qui justifie que la république ne soit pas une démocratie. On peut même aller plus loin et dire, en se référant à l'article 2 de la Constitution, que la république n'est pas une république.

On pourrait penser que les représentants élus représentent le peuple et que leurs décisions constituent l'expression de la volonté générale. Pas du tout : ces représentants bénéficient "d’une véritable autonomie dans la prise de décision", nous dit-on. Ce qui veut dire qu'une fois élus, ils font ce qu'ils veulent, d'où " L’interdiction du mandat impératif [...] car un tel principe reviendrait à lier le représentant à la volonté des représentés. Le représentant ne ferait alors que traduire la volonté exprimée par les électeurs, sans pouvoir se prononcer en conscience." Mais parler de "conscience " en politique soulève bien d'autres questions, surtout avec des "godillots".

L'absence de référendum d'initiative populaire (RIP) en France ne fait que confirmer la volonté d'un gouvernement oligarchique ayant à sa tête un "dittatore". Pourtant ce RIP existe au niveau national dans 36 pays selon les universitaires Raul Magni-Berton et Clara Egger et dans une quarantaine de pays selon le site direct-democracy-navigator.org, de l'université de Wuppertal, en coopération avec Democracy International et l'Institut des initiatives et référendums en Europe (voir https://fr.wikipedia.org/wiki/Initiative_populaire).

En conclusion : la nation c'est le peuple castré, privé de son pouvoir, réduit à l'impuissance, le peuple sous tutelle. Quant aux élus, ils sont gouvernés par leurs propres ambitions et prennent leurs ordres de leurs partis politiques respectifs. Ce qui manque aux Français c'est une véritable éducation politique, et pour l'instant ne pas voter c'est pour eux refuser la position masochiste qui leur est assignée. Mais ces représentants de la nation sont eux même bien impuissants puisque leur pouvoir se limite essentiellement à donner une forme de loi aux ordres du gouvernement et du Chef de l'État ou encore aux directives émanant de la Commission européenne.

 

Ajout 4

Le problème essentiel que pose une dictature, c'est la personnalité du dictateur, ses ambitions et les objectifs de sa politique. Mais trouver un dictateur éclairé ne doit pas être chose  facile dans le monde des professionnels de la politique, là où un  "honnête homme" aurait toutes les chances de se faire croquer vivant. Tous les politiques ne sont pas forcément des Machiavel, mais pour Douglas Kelley, le psychiatre qui a soigné et expertisé les dirigeants nazis lors de leur détention à Mondorf-les-Bains puis pendant leur jugement à Nuremberg les dirigeants nazis n'étaient pas différents d'autres dirigeants, qu'ils soient politiques ou non. Il s'agit d'individus avides de pouvoir, intelligents, grands travailleurs, inaffectifs, manquant d'empathie et de sens moral. Mais peut-être que dans le monde du pouvoir, ces derniers traits de personnalité sont des qualités indispensables. On voit mal un enfant de choeur diriger un pays. La question qui suit alors inévitablement est celle  de savoir dans quelle mesure ils servent leur pays.

On pourrait imaginer un dictateur idéal dont le seul but serait le Bien de la France et des Français, et ce dans le respect des Lois et des libertés. Mais est-ce concevable dans ce que nous savons du contexte mondial actuel ? On peut en douter. Reste alors à trouver d'autres solutions, sachant que le danger est, pour nous, lié à la collusion entre pouvoirs exécutif et législatif dans le cas où la majorité des députés est issue du parti du Président de la République, mais aussi à des juges-fonctionnaires et à l'absence de référendum d'initiative populaire législatif, révocatoire et abrogatoire. Sans doute que les politiques français ont d'autres priorités que la défense de la démocratie. D'où cette France travestie (au sens où un homme peut se déguiser en femme et inversement).

Nombreux sont ceux qui n'osent pas dévier des vérités que l'école leur a enseignées et que les médias leur ressassent quotidiennement : France démocratique, pays des libertés et des droits de l'Homme etc. Comme dans une prière, ils récitent la leçon apprise qui leur apporte des réponses à des questions qu'ils ne se sont jamais posées. Remettre en cause ces dogmes relève pour eux du sacrilège et a valeur d'insulte pour le pays tout entier. Leur vision de la réalité a été pervertie par une propagande qui dure depuis la Révolution et "l'instinct grégaire", le conformisme, font le reste. Même si les Français vivent à genoux, se penser libres et égaux flatte leur ego.

Il y a une dictature plus subtile que de priver un peuple de ses droits et de ses libertés, c'est de l'ignorer et de le condamner ainsi à l'inexistence. Et si jamais il  lui venait à l'esprit de se révolter, resterait la solution de l'écraser : l'armement actuel le permettrait avec une grande facilité. Cette dictature a un nom, c'est la dictature libérale, celle que nous subissons au quotidien.

 

Ajout 5

L'utilité politique du concept de démocratie en république est la même que la référence à la volonté divine en monarchie. La référence à la volonté populaire a succédé  à la volonté divine pour légitimer l'appropriation du pouvoir et des richesses d'un pays par une petite minorité le jour où la bourgeoisie a remplacé la noblesse comme classe sociale dominante. Et ainsi le pouvoir attribué au peuple se réduit au pouvoir de quelques-uns.

Comme il est apparu de plus en plus évident à un nombre croissant de "citoyens" que ceux qui gouvernent ne représentent que bien imparfaitement, si ce n'est pas du tout, la volonté générale, l'ultime recours, tout juste avant la répression militaro-policière, a été d'inventer une prétendue élite qui aurait seule le savoir nécessaire à assurer une bonne gouvernance. Ce qui est faire preuve d'un certain cynisme quand on voit le fiasco politique, économique et sociétal actuel  de la France. De fait, cette élite a prouvé son incompétence en même temps que son manque d'empathie à l'égard d'une population largement en souffrance. Ceci pour le peu qu'elle gouverne encore, car pour l'essentiel les élus se contentent d'obéir aux décisions de la Commission européenne.

La négation de la démocratie par la république se traduit pleinement dans l'étagement pyramidal de l'État de droit.  Nous avons à la base de cette pyramide toutes les normes auxquelles un individu ordinaire est soumis, puis, en montant vers son sommet, le carcan des obligations légales et des interdits  se réduit. Au plus haut niveau nous trouvons une petite minorité d'individus qui échappent, pour la plupart, autant à la loi qu'à la justice, c'est-à-dire les ultra-riches, les leaders politiques et les bandits de haut vol.

Le terme de "république" mériterait la même déconstruction que celui de "démocratie" puisqu'il se voit vidé de son sens profond de gouvernement au service du bien commun et d'un projet partagé par ceux qui ont souscrit au contrat social qui fonde le "vivre ensemble", pour  en venir à désigner uniquement un régime sans souverain héréditaire. Les valeurs et les principes dits républicains restent peut-être un idéal pour certains, mais du côté de la classe politique ils relèvent avant tout d'une promesse faite mais jamais tenue.

C'est à juste titre que Maxime Tandonnet a pu écrire en 2015* : "Le régime politique français, depuis quelques décennies, sublimant les jeux de personnes au détriment des projets et de l'intérêt général, ressemble bien plus à une monarchie décadente, celle des derniers mérovingiens, qu'à la République au sens le plus noble du terme."  La maladie n'a fait que s'aggraver depuis.

*https://www.lefigaro.fr/vox/politique/2015/01/22/31001-20150122ARTFIG00268-ce-que-signifie-vraiment-la-republique.php

 

 

Ajout 6

   

Nombreux sont les Français qui pensent que leur pays est une démocratie, bien que le pouvoir du peuple se limite, chez eux, à choisir, lors d'élections, ceux qui  vont les tenir en laisse. Et, s'ils ont cette illusion, c'est pour la simple raison que leur pays n'est pas un État totalitaire. Oui, une dictature n'est pas forcément totalitaire, encore qu'elle ait les moyens de le devenir du fait d'un pouvoir vertical, sans véritables contre-pouvoirs. Les évènements de ces dernières années, d'abord les Gilets jaunes puis la covid, ont montré que les libertés dont les Français bénéficient ne sont pas des droits immuables. On a vu que le recours à une violence policière semant la terreur pouvait être un antidote efficace contre le droit de manifester, auquel est pourtant reconnue une valeur quasi constitutionnelle. De même, la mise en place d'un pass vaccinal nous a montré qu'une partie importante de la population pouvait  être facilement discriminée et privée de ses  droits fondamentaux par une décision de l'Exécutif  travestie en loi par le Parlement. Une liberté, qui peut être limitée ou supprimée d'un simple coup de crayon, n'est plus un droit, mais une aumône. Reste le pouvoir des juges que le dogme républicain affirme indépendants du pouvoir politique. Mais, leur rôle se limitant à l'application des lois, en servant les lois, ils servent ceux qui les font. On pourrait conclure en disant que si la France n'est pas un état totalitaire, ce n'est pas en raison de l'organisation des pouvoirs, mais parce que la volonté politique n'y est pas. D'ailleurs, pourquoi en faire un état totalitaire, puisqu'un individu et la caste qu'il sert peuvent tranquillement gouverner ce pays en vue de leurs seuls bénéfices en ignorant le peuple, ou en lui distribuant, à l'occasion,  tantôt les miettes tombant de la table, tantôt des coups de matraque ? Le maître qui tient son chien en laisse, peut, non seulement décider d'allonger celle-ci ou de la raccourcir, mais aussi se montrer plus ou moins "bon" avec son animal politique devenu domestique.

 

Ce qui va faire d'une dictature un régime totalitaire, c'est outre, le contexte historique, la personnalité du dictateur.  Si ce dernier a une "personnalité totalitaire", personnalité dont certains aspects peuvent rappeler la "personnalité autoritaire" décrite par Theodor Adorno, il est fort probable, si les circonstances le permettent, que la dictature prenne une dimension totalitaire. Le rôle décisif de la personnalité vient évidemment du fait que tous les pouvoirs sont concentrés dans les mains d'une seule et même personne. Il en a été ainsi pour Hitler dont la parole constituait dans l'Allemagne nazie la loi ultime.

 

Ajout 7 La dictature consentie

 

En ce début de l'année 2023, les Français n'ont plus trop à se demander s'ils vivent dans une démocratie ou  une monocratie que l'on ne saurait trop comment qualifier : dictature constitutionnelle ou républicaine,  voire monarchie républicaine. À l'évidence, les Français vivent une dictature à laquelle ils consentent, une DC. Des choix fondamentaux pour leur avenir sont faits par le seul pouvoir exécutif, sans débat parlementaire, à coups de 49.3, dix depuis la nomination de Mme Borne comme Premier ministre, là où un référendum aurait été le bienvenu. La France ressemble de plus en plus à un pays gris et poussiéreux qui nous rappelle la DDR.

Voilà un fait établi, la France est une dictature consentie. Mais là n'est pas la question. Ce qui nous interroge est ailleurs : pourquoi continuer à parler de démocratie pour qualifier le régime politique français ? La première réponse est évidemment l'habitude : cela fait tellement longtemps que les français entendent le mot France associé à celui de démocratie que s'en est devenu un réflexe pavlovien. Et le réflexe exclut la pensée. Détourner le sens des mots pour manipuler la population n'est pas seulement un stratagème pervers utilisé dans les pays totalitaires.

 

Mais il y a une autre raison pour laquelle les Français se voilent la face et qui est l'orgueil.  Ils sont trop orgueilleux, trop narcissiques, pour reconnaître qu'ils acceptent de vivre menés en bateau, enchaînés, par un pouvoir dictatorial. Soit, ces chaînes sont différentes de celles que portent nos voisins vivant dans des dictatures totalitaires, mais elles n'en existent pas moins. Les entraves sont différentes parce que les Français ne représentent aucun danger pour le pouvoir en place. En récompense pour leur docilité ils bénéficient de quelques libéralités, ce qui leur permet de s'imaginer heureux. "Je consomme donc je suis".

 

Il est difficile d'accepter l'idée qu'on a vendu sa liberté, qu'on s'est vendu soi-même comme une marchandise  sur le grand marché des illusions. Il fallait choisir : la liberté d'être soi ou le confort. Et nous avons choisi de sacrifier ce qui fait notre humanité, ce qui fait que l'homme n'est pas simplement une machine biologique. Nietzsche a-t-il eu tort de chanter que "Dieu est mort" ? N'est-ce pas plutôt l'Homme qui est mort ? Ou les deux sont-ils indissociables ?

 

Nombreux sont ceux qui se soumettent par peur d'une répression qui se montre  proportionnelle au degré de révolte. Ils savent bien que s'ils devaient mettre le pouvoir en danger ils seraient abattus comme le sont partout ailleurs sur la planète tous ceux qui essaient de relever la tête. Ils se trouvent face à une nouvelle version du choix forcé qui est : "La démocratie ou la vie". S'ils choisissent la démocratie, ils perdent les deux. Et bien, ils ont choisi la vie et ont perdu la démocratie, mais continuent  à croire en elle comme l'amputé à l'illusion du membre fantôme

 

 

Ajout 8, juin 2023


La réforme des retraites menée par le Président Macron contre la volonté de la majorité des Français en recourant à l'article 49.3 de la Constitution ne fait que confirmer le gouvernement antidémocratique de la France, et ceci indépendamment du fait que cette réforme soit pertinente ou non. Le recours à l'article 49.3 est devenu habituel depuis la réélection de Macron par 38,52 % des électeurs inscrits et une majorité présidentielle relative à l'Assemblée nationale. Ce dernier peut donc continuer à gouverner seul, toutes les institutions du pays se mettant au garde-à-vous, avec le Conseil constitutionnel comme service après-vente du Gouvernement.

Mais ce qui nous intéresse en l'occurrence, ce sont les médias qui se relaient, avec leurs experts en toutes matières, pour essayer de nous convaincre que le recours à l'article 49.3 est démocratique en prenant comme argument la conformité à la constitution du recours audit article. La France serait donc une démocratie parce que la suspension de la démocratie est prévue par la Constitution. Mais le fait même qu'il faille réduire au silence d'éventuels contre-pouvoirs est plutôt une bonne nouvelle, car cela veut dire qu'ils existent et que le dictateur est obligé de resserrer ses rangs.

Quant à la Première ministre, déclarant que "Le 49.3 n'est pas l'invention d'un dictateur, mais le choix profondément démocrate qu'a fait le général de Gaulle et qu'a approuvé le peuple français", il s'agit là encore d'un désaveu. On sait que les Français ont plus voté pour la personne de Charles de Gaulle que pour la constitution de 1958. N'empêche qu'un dictateur, même élu, reste un dictateur. Le peuple se donnant un dictateur, se donnant au dictateur, est comme l'illustration d'un lien pervers prenant modèle sur le masochisme. Quant à de Gaulle, renouant avec le symbole du "dictator" romain, il se voyait sans doute plus sûrement comme un "imperator" plébiscité par ses troupes.

Nombreux sont ceux qui associent démocratie et liberté, allant parfois jusqu'à employer ces signifiants comme s'il s'agissait là de deux synonymes. C'est là l'impact des discours médiatiques qui se réfèrent à une liste convenue de régimes politiques qu'ils se doivent de qualifier, soit de totalitaires, avec, au premier chef, la Chine et la Russie, soit de dictatures, comme certains pays arabes, soit encore de démocraties, c'est-à-dire nous, les "gentils", l'Occident. L'argumentation repose alors sur le degré de liberté dont jouissent les habitants. Et effectivement, il n'est pas insensé de considérer que nous sommes plus libres que les Chinois ou les Saoudiens, cela même si notre liberté est toute relative.

Mais voilà, le concept de liberté n'a rien à voir avec celui de démocratie : ils renvoient tous deux à des réalités différentes, bien que liées. Le terme de démocratie définit un mode de gouvernement, un régime politique, alors que celui de liberté caractérise certains des aspects du fonctionnement sociétal. Mais, plus que le catalogue des libertés et des interdits, des droits et des devoirs, ce qui importe au citoyen, c'est la perception subjective qu'il a de sa situation, c'est-à-dire son sentiment de liberté. C'est bien pourquoi un des rôles des médias est de nous convaincre que nous sommes libres, sachant que nous ne demandons qu'à les croire. Mais il ne suffit pas de pouvoir exprimer des opinions différentes de la doxa sans se retrouver en prison, pour faire de la France une démocratie. Encore que cela pourrait être éventuellement un début.


Ajout 9, novembre 2023

Nos "amis" qui réclamaient, il y a quelque temps encore, le RIC ou référendum d'initiative citoyenne, sont soulagés : le projet de référendum sur la régulation des flux migratoires a été abandonné du fait de son rejet par l'ensemble des représentants de la classe politique, à l'exception du RN, parti qualifié habituellement d'extrême droite et qui se révèle, en l'occasion, être le seul parti démocratique français.

Des sociologues (*) nous expliquent que "le recours au référendum ne se réduit pas à une simple technique institutionnelle : il mobilise et constitue le peuple-souverain qui peut tomber dans le piège de sa toute-puissance", et de nous mettre en garde contre la menace que représenterait l’exercice illimité d'une souveraineté populaire, risquant de se retourner en tyrannie. Le danger de la démocratie directe résiderait donc dans ce qu'ils appellent la "conception absolutiste de la souveraineté populaire".  On peut effectivement imaginer la volonté populaire accoucher d'une dictature, voire d'un État totalitaire. N'en reste pas moins que la République de Weimar, qui a amené Hitler au pouvoir, était une démocratie représentative. Le peuple se donnant un dictateur, ce serait plutôt la Constitution française de 1958 avec un Président de la République élu au suffrage universel (**), un De Gaulle, frère jumeau d'un Pétain de l'époque de l'État de Vichy, mais sans Allemands ni anti-sémitisme.

Le refus du recours au référendum des représentants des formations politiques - à l'exception, donc, du RN - vient du fait que ces professionnels de la gestion du pouvoir, se doutent bien, qu'en l'espèce, ils ont perdu la maîtrise d'une population qui ne cache pas qu'elle réclame une politique limitant fortement l'immigration avec un contrôle sévère des entrées sur le territoire (***), ce qui est aussi le programme du RN.

En conclusion : la démocratie directe, c'est bien quand le peuple est sous contrôle et instrumentalisable à volonté, un peuple consentant à sa mise sous tutelle, sans rêve d'émancipation. Une question reste cependant en suspens : pourquoi qualifier la France de démocratie puisque la réalité de l'exercice du pouvoir n'y correspond en rien au concept traditionnel de cette forme de gouvernement ? On peut avancer l'hypothèse que, pratiquant la méthode Coué, il s'agit d'aider les Français à se bercer d'illusions afin de ménager leur narcissisme. Quant à nos  "petits chefs", leur jouissance ne semble guère s'accorder avec l'idéal républicain.

 

* Smaïn Laacher, Cédric Terzi, "Un référendum sur l’immigration : une chimère plutôt qu’une solution", https://www.nouvelobs.com/opinions/20230919.OBS78360/un-referendum-sur-l-immigration-une-chimere-plutot-qu-une-solution.html

** François Mitterrand,  "Le Coup d'État permanent", Plon 1964

*** https://www.lefigaro.fr/politique/immigration-74-des-francais-rejettent-la-politique-du-gouvernement-selon-un-sondage-20230914





 

 

 



 


 


 


 



 


 




 


 








































































   

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


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