Accueil
Symptômes d'apparence psychotique dans l'hystérie
La réification du sujet dans la schizophrénie
Adaptation sociale et principe de réalité
Psychanalyse et suivi éducatif
La forclusion du signifiant
Agathe : une histoire d'enfant
Un enfant entre psychose et réalité
Parce que langage
Aude, 9 ans
Il était une fois ... les psychothérapies
Les "troubles des conduites" de Maurice
De la psychothérapie à la rééducation mentale
Un enfant trop gentil
L'humanisation en psychiatrie
Le mythe de la démocratie
Désubjectivation et dépossession de soi
L'État contre la société
De la démocratie pervertie à la dictature
Une politique économique thanatophorique
Goering : Un homme politique comme les autres ?
Adolf Eichmann, fonctionnaire de l'extrême.
À propos de l'examen psychologique d'Eichmann
Eichmannisation et Eichmannisme
Eichmann : le personnage et le symbole
Les camiontrottoirs de Lunéville
Désubjectivation et dépossession de soi


 

Des Français en souffrance 1


Désubjectivation et dépossession de soi

Claude Kessler (Janvier 2020)  


Ceux qui souffrent  d'une maltraitance répétée, voire continue, peuvent avoir recours à des soins palliatifs : antidépresseurs et autres drogues, ou encore à des soins psychologiques. Ces remèdes ne soignent pas la cause du mal, ils aident simplement à mieux le supporter. Il serait évidemment préférable de s'attaquer aux racines de cette souffrance, mais que faire quand elles sont sociétales ? Comment rendre une société moins pathogène ? Surtout quand ceux qui sont aux commandes de l'État ne pensent qu'à leur propre enrichissement et à celui de la caste qu'ils servent, et ne reculent devant aucune instrumentalisation de ceux qui les ont pourtant élus. Ce détournement pervers de la démocratie par la classe politique ne date évidemment pas d'aujourd'hui. Mais ce qui change c'est l'espoir d'un remède à travers une révolte populaire qui dure depuis plus d'un an maintenant, malgré une violence militaro-policière sanglante mobilisée pour faire barrage à ceux qui tentent de se réapproprier une vie, leur vie. 

Sans sous-estimer des facteurs comme l'histoire individuelle et familiale ou encore d'éventuels déterminants biologiques, on ne saurait nier l'importance des conditions de vie réelles dans les états dépressifs atypiques. Pourtant le rôle du facteur économique est considéré facilement comme secondaire, voire nié, dans ce qu'il est convenu d'appeler " le malaise français ". Des économistes nous répètent que " la croissance ne fait pas le bonheur ". Leur argument est que, malgré l'augmentation du PIB d'année en année, les Français ne sont pas moins malheureux. Mais si cette affirmation n'est pas fausse, elle n'en est pas pour autant pertinente dans la mesure où elle ne tient pas compte dans l'augmentation du PIB de l'augmentation des inégalités dans la répartition des richesses, avec des riches de plus en plus riches et des pauvres de plus en plus nombreux (1) et de plus en plus pauvres (2). Si pour les riches un peu plus ou un peu moins d'argent ne change pas grand-chose à leurs conditions de vie, il n'en va pas de même pour les petits et moyens revenus, ainsi que pour les retraités qui sont les nouvelles victimes de la politique du Président Macron et de son parti, La République En Marche, qui semblent avoir à cœur d'appauvrir 99 % des Français au profit des 1 % les plus riches. Minimiser l'importance des moyens financiers d'une famille pour son bien-être ne peut que procéder d'une construction artificielle faite à partir de chiffres déconnectés de la réalité ou d'interprétations hasardeuses. C'est aussi une option idéologique et morale. En fait, c'est la sagesse populaire qui semble apporter, en l'occurrence, la réponse la plus pertinente quand elle nous dit que " L'argent ne fait pas le bonheur, mais y contribue." Nous avons aussi cette citation attribuée à Georges Feydeau : " L'argent ne fait pas le bonheur. C'est même à se demander pourquoi les riches y tiennent tant." Mais s'il est important de ne pas minimiser le facteur pauvreté, il est tout aussi primordial d'intégrer les autres déterminants dans un éventuel modèle explicatif du mal-être français, modèle qui ne saurait donc être que multifactoriel.

Certains raisonnements dont le but est de réduire l'importance des facteurs économiques et politiques interrogent par leur naïveté. C'est le cas avec

Claudia Senik, enseignante à l'École d'économie de Paris et à l'Université Paris-Sorbonne qui écrit dans le Financial Times de 2013 : " Les Français sont moins heureux que la plupart des autres Européens de l'Ouest et moins heureux que ce que l'on pourrait prédire d'après leur niveau de richesse. De plus, si la condition française était uniquement économique ou politique, un immigrant qui choisit de s'installer en France devrait être moins heureux que celui qui choisit de s'installer dans un autre pays européen. Mais il s'avère que ce n'est pas le cas : les deux sont également heureux." Un autre argument laisse perplexe : " Les Français de l'étranger sont moins heureux que les autres expatriés."

De là, une conclusion semble s'imposer à l'auteure : " Ces idiosyncrasies nationales doivent concerner quelque chose de plus que la politique, l'argent, la santé ou la richesse. Le bonheur doit être ancré dans quelque chose d'un peu plus permanent. Les chercheurs doivent réfléchir davantage à des idées intangibles comme la mentalité et la culture, plutôt qu'à la situation économique et sociale nette et quantifiable de chaque pays (3)." Soit, mais à tous les niveaux de la pyramide des besoins de Maslow il faut de l'argent, et peut-être encore davantage à mesure que l'on s'approche du sommet de la hiérarchie des besoins qui est l'accomplissement personnel, le besoin de donner un sens à sa vie. Réaliser son potentiel pour jouir de la satisfaction que cela peut procurer n'est pas sans coût, et c'est même un luxe qui peut revenir très cher. Il suffit de penser au coût des études pour quelqu'un qui verrait son épanouissement personnel et professionnel dans un métier nécessitant une formation de longue durée. Ne pas pouvoir faire les études de son choix, faute d'en avoir les moyens financiers, signifie souvent devoir se contenter d'un travail ayant une finalité purement alimentaire, sans possibilité d'épanouissement personnel. L'échec à faire le deuil de son " dreamjob " peut mener à la dépression et parfois au suicide. L'argent, même méprisé par le sage, mais de moins en moins, rend libre et donne du pouvoir quand il permet à quelqu'un de réaliser ses désirs. Donc, même si le facteur " pouvoir d'argent " joue un rôle que l'on pourrait qualifier de contingent comparé à d'autres plus structurels, mais tout aussi politiques, on ne saurait minimiser son importance dans le vécu de bien-être d'un individu et de sa famille.

Senik termine son article en s'interrogeant sur un facteur éducatif qui pourrait, selon elle, expliquer le tempérament subdépressif d'une majorité de Français en incriminant le système scolaire. Le modèle est bien connu : les écoles seraient trop exigeantes, trop uniformément exigeantes, induisant chez les élèves en difficulté un vécu d'échec, ce qui leur donnerait une image dévalorisée d'eux-mêmes. Il est vrai que le système scolaire français se propose de tirer les élèves vers le haut plutôt que de baisser les exigences pour leur éviter un échec, sauf que des voies de délestage (CLIS, SEGPA) ont été prévues pour les élèves les moins performants, et qu'il est possible actuellement d'être en terminale, dans des lycées professionnels, sans savoir ni lire et ni écrire correctement. De plus, les programmes scolaires ont été passablement allégés depuis 50 ans. Le niveau plus que moyen des lycées français se vérifie quand des élèves particulièrement brillants ont des difficultés à réussir leurs études dans une université étrangère. Je pense tout particulièrement à la Suisse où le programme du secondaire est bien plus touffu qu'en France, et pourtant les Suisses se placent en 2019 à la 6ème position sur l'échelle du bonheur (selon le World Happiness Report), alors que la même année les Français sont en 24ème position entre le Mexique et Taïwan (4). En 2018 la France occupait la 23ème position entre Malte et le Mexique.

Il y a peut-être, et même sans doute, une gradation dans la désubjectivation imposée aux élèves dans les écoles modernes, mais globalement elles fonctionnent toutes sur le même modèle. Le maître dit la leçon, l'élève l'apprend docilement et la restitue, de préférence fidèlement s'il veut une bonne note. Le mot instruction prend là tout son sens : transmission d'un savoir et commandement. La tête " bien pleine " de Rabelais plutôt que celle " bien faite " de Montaigne semble indissociable de la démocratisation de l'enseignement dans la mesure où il s'agit d'instruire les masses, ce qui ne laisse guère de place pour une prise en compte de la particularité de chaque élève. Mais voilà, la tête n'est pas si pleine que cela, même si l'intelligence requise n'est jamais que celle d'un perroquet qui répéterait à la perfection ce qu'il entend. En outre, une pensée réflexive est chronophage, alors qu'il y a tout un programme à respecter avec une classe d'un niveau hétérogène. En France les élèves attendent la Terminale et la philosophie pour être confrontés à la pensée. Et là il est difficile pour eux, après s'être entendus dire pendant toute leur scolarité : " Vous n'êtes pas là pour donner votre avis, mais pour apprendre ", d'avoir une pensée personnelle. Du coup mieux vaudrait peut-être une pensée sans école qu'une école sans pensée.

La récitation de la leçon vient redoubler l'exigence de soumission : soumission au savoir enseigné et soumission à l'autorité du maître. C'est par l'échec scolaire que la subjectivité de l'enfant va faire retour, mais elle a déjà alors le sens d'une révolte. Si la pensée-éponge est une étape inévitable dans le développement psychologique de l'enfant, il faudrait cependant que ce ne soit qu'une étape et ce  a minima. C'est là tout l'intérêt des ateliers de philo à la maternelle : apprendre à s'autoriser à penser, s'autoriser à prendre la parole, sa propre parole et non pas celle du maître.

Un bon élève doit être travailleur, performant et soumis. Il pourra ainsi un jour, peut-être, se lancer dans une vie professionnelle qui risque fort d'être aussi peu épanouissante que l'école, et ceci même pour quelqu'un qui a la chance d'exercer un métier correspondant à ses aspirations. C'est que l'employeur et la hiérarchie ne se contentent pas d'exiger du travailleur les tâches prévues dans le contrat de travail, mais bien davantage, à commencer par une allégeance à sa personne et à ses valeurs. Mais cela va vite bien plus loin : petits et grands chefs veulent être admirés, voire aimés, par leurs employés et subordonnés, et ils mesurent cet amour, qu'ils pensent leur être dus, aux faveurs qui leur sont accordées. La situation devient plus risquée quand l'employeur à des exigences contraires à l'éthique professionnelle ou à la loi. Dans toutes ces situations, si le travailleur ne se soumet pas, éventuellement en étouffant la révolte de sa conscience, il est quasiment assuré de perdre son emploi sous un prétexte quelconque. Et s'il dénonce son employeur, non seulement il aura perdu son emploi, mais il se verra condamné à une mort sociale certaine car il ne retrouvera plus jamais de travail. Dans la très grande majorité des cas, l'employé se plie aux exigences de son employeur, parfois en attendant de trouver mieux ailleurs. Mais il souffrira d'avoir trahi ses valeurs en même temps qu'il aura appris la honte et le dégoût de lui-même. C'est là souvent le prix à payer pour survivre, sans plus, dans une société donneuse de leçons qui se targue d'humanisme.

Les nouveaux médias, ceux liés à internet, ainsi que les smartphones avec leurs nombreuses applications, se voient facilement accusés d'infantiliser leurs utilisateurs en leur adressant en permanence des conseils, voire des injonctions, les guidant dans leurs choix et leurs comportements et, à l'extrême, leur disant ce qu'ils doivent penser. Mais en fait ces nouveaux médias ne changent par rapport aux anciens que par leur dimension invasive liée au fait qu'il est possible d'être connecté à eux 24 heures sur 24 et en tout lieu. A part cela, il n'y a pas grande différence entre être guidé ou téléguidé. Anciens ou nouveaux, les médias ne font qu'exploiter des utilisateurs déjà largement infantilisés en ce qu'ils sont, comme les enfants, subordonnés à une autorité extérieure. La loi établit clairement qu'un enfant est soumis à l'autorité parentale jusqu'à l'âge de 18 ans ou son émancipation. Mais beaucoup le sont toute leur vie. Une pareille fixation infantile ne date pas d'aujourd'hui, les humains se sont toujours inventés des guides, sauf que nos sociétés modernes ont abandonné le guide spirituel ou le directeur de conscience pour le guide de la consommation de marchandises et de services, sans oublier le guide de la Nation : le Führer, le Duce ou quelque autre de la même veine. Peut-être qu'il n'y a pas tant de différence que cela entre consommer de la religion ou de la morale, et consommer une marchandise quelconque. Ça nourrit toujours son homme, ou sa femme.

Pourquoi se laisser guider ou conseiller quand il s'agit de voter comme s'il s'agissait d'acheter une voiture ou n'importe quoi d'autre. ? C'est que chacun veut faire le bon choix, ne pas se tromper. Et il est évidemment plus facile de demander l'avis de quelqu'un ou de se laisser convaincre par lui que de faire l'effort de s'informer jusqu' à ce que le bon choix s'impose. On peut voir là un effet du principe de moindre effort, sorte de dérivé du principe de moindre action qui joue un rôle central en physique. Mais l'être humain n'en est plus là. Par contre, il y a chez les Français, comme dans la plupart des pays modernes, un réel déficit en éducation politique, et même en intelligence politique. Ceci faute d'un enseignement adéquat. Mais ce n'est évidemment pas le fruit du hasard si les programmes scolaires prévoient un enseignement sur les civilisations antiques et non pas un éveil à la conscience politique. Si les Français devenaient intelligents ils se laisseraient moins manipuler. Le but des politiques étant d'amener le peuple-bétail là où il ne veut pas aller, il est préférable qu'il n'y comprenne rien et continue à se laisser mener en bateau.

Se laisser convaincre c'est ne pas choisir, c'est se soumettre à la raison d'un autre ou à ses raisons, c'est suivre à la trace en écoutant la voix de son maître. La liberté de l'homme tient au fait qu'il n'est pas guidé dans ses comportements par un instinct. Il doit donc faire des choix et de préférence le "bon choix", avec le risque de se tromper. C'est cette peur de ne pas faire le bon choix qui l'amène à se tourner vers ses semblables en leur supposant un savoir dont ils sont pourtant autant dépourvus que lui-même. Ainsi se noue un transfert sur un autre qui est le substitut des parents ou du maître d'école. On connaît la place primordiale donnée par Lacan au sujet supposé savoir dans ses considérations sur le transfert.

La quête d'un savoir sur le bien et le mal est au commencement de l'humanité, un savoir marqué du sceau de l'interdit. La Bible fait de la tentative d'Adam et d'Ève d'accéder à un tel savoir une tentation. Si en croquant le fruit de l'arbre de la connaissance du bien et du mal ils ont commis le péché originel et ont été, en guise de punition, chassés du paradis, ils ont aussi par la même occasion acquis une connaissance que Dieu seul détenait jusque-là. " Leurs yeux se sont ouverts et ils se virent nus.", dit la Bible. Les humains, dans leur grande majorité, se dépossèdent de leur conscience pour aller chercher la lumière auprès d'un autre idéalisé incarné par le groupe d'appartenance ou son leader. C'est un peu comme si Adam et Ève refusaient de transgresser l'interdit de croquer la pomme pour ne pas être chassés du paradis et demandaient conseil à Dieu plutôt que de s'approprier le savoir interdit. Le mythe du péché originel est aussi un message politique disant que le savoir qui donne une légitimité au pouvoir est réservé à dieu, et donc à ses représentants sur terre. Quant au commun des mortels, il lui reste l'ignorance et le droit d'implorer dieu moyennant une juste rétribution des prêtres.

Un syndicaliste, en révolte contre Macron, m'expliquait qu'en votant pour ce dernier il n'avait pas voté pour lui mais contre Marine Le Pen et qu'en cela il avait obéi au mot d'ordre de son syndicat. C'est donc le choix émis par le groupe qui constitue pour notre sujet le bon choix ou du moins le choix à faire. L'aliénation au groupe remodèle l'identité de l'individu qui aura alors tendance à écouter la voix de son maître plutôt que celle de sa raison ou de sa conscience, occultant le fait que ce raisonnement disant : " Voter pour A ce n'est pas voter pour A mais voter contre B ", a en soi quelque chose de pervers dans la mesure où il implique un clivage du moi. Un autre raisonnement, plus cohérent, aurait été de se dire : " Je vote pour le moins nocif des deux." Mais cela aurait supposé échapper à l'emprise exercée par l'autorité morale du groupe incarnée dans son leader. A la décharge de notre syndicaliste, il faut dire que le second tour de l'élection présidentielle à tout d'un traquenard dans la mesure où il est demandé aux Français de choisir entre la peste, rôle attribué à Marine Le Pen, et le candidat adverse qui se révèlera être le choléra. Mais c'est le jeu même de la démocratie qui est perverti puisque depuis le traité de Maastricht de 1992 le pouvoir des gouvernants est réduit en de nombreux domaines à appliquer des directives de la Commission européenne qui confond largement les intérêts de l'Europe, et surtout des Européens, avec ceux des multinationales et de leurs actionnaires.

La psychologie nomme " conformisme " le sacrifice fait par un individu de son libre arbitre pour adopter les choix faits par son groupe d'appartenance, choix qui deviennent pour lui des demandes à satisfaire. Il s'agit alors de compléter le corps idéalisé du groupe, substitut du corps parental, pour qu'il soit Un et le reste. Ce qu'il faut à tout prix éviter c'est le : " Tous sauf un, moi." En ce sens, le conformisme va plus loin que la soumission à l'autorité, encore que l'obéissance peut être une conséquence du conformisme puisque l'enfant sage, l'enfant idéal, se doit d'être docile et gentil. Si la demande de l'Autre devient désir, c'est qu'elle a été intériorisée. L'identification aux images parentales donne au moi un idéal qu'il va essayer de réaliser pour se donner de lui-même une image idéale, d'où l'importance accordée au regard des autres, au désir de plaire et à la peur de ne pas être normal. Le danger des sondages est de faire du choix du plus grand nombre une norme difficile à transgresser dans la mesure où il n'est pas facile d'assumer sa différence au risque de déplaire. C'est ainsi que se noue le transfert amoureux : se faire moi idéal pour un Autre en position d'idéal du moi. De là plaire devient la condition pour se plaire, et être aimé pour s'aimer. Ce transfert peut se faire sur un groupe, mais il se concentre souvent sur la figure du leader.

On voit bien l'intérêt qu'il y a pour le pouvoir politique à vouloir limiter le développement psychoaffectif des populations qu'il gouverne afin de mieux les instrumentaliser pour son profit et celui des puissances d'argent qu'il sert. Le premier instrument de cette infantilisation est la famille, puis viennent l'école et le monde du travail ainsi que l'organisation sociétale dans sa totalité. À une époque maintenant révolue il y avait aussi le service militaire obligatoire. Certains proposent de le rétablir en disant (5) que ce serait là un bon moyen pour assurer la cohésion nationale en même temps de donner la chance à certains jeunes d'accéder à une formation professionnalisante. On nous dit aussi que, selon un sondage, 74 % des Français seraient favorables au retour de ce service militaire. Certains invoquent aussi " un devoir de défense de la nation ". On ne savait pas que la patrie était en danger mais on sait à quoi servent les nombreuses " petites guerres " appelées OPEX que la France mène au Sahel. C'est là qu'on voit à quel point les intérêts de la France ne sont pas ceux des Français mais des actionnaires du CAC 40, autant d'ultra-riches dont les entreprises convoitent les richesses minières des pays concernés. Quant au service militaire, même si je n'en garde pas un mauvais souvenir, il n'y avait cependant rien d'épanouissant à s'entendre dire : " Vous n'êtes pas là pour discuter mais pour obéir." Ou encore, à l'occasion d'un désaccord à propos de l'interprétation d'un Rorschach : " Ne soyez pas étonné de rester 2 ème classe, vous êtes un antimilitariste." Mais si cette année a malgré tout été épanouissante pour moi c'est grâce à la possibilité qui m'a été offerte de mettre à profit une situation privilégiée pour réaliser des projets personnels et côtoyer des professionnels d'un niveau de compétence impressionnant, vérifiant par la même occasion la pertinence de la maxime disant que " plus le grade est élevé, moins ils sont cons ". Par contre, autour de moi, mes semblables, eux aussi situés au bas de l'échelle, étaient en souffrance. Ils avaient des difficultés à se soumettre à une autorité jouissant arbitrairement de son pouvoir et à accepter certaines humiliations, ce qui m'était épargné.

Tout groupe organisé sur un mode hiérarchique et dirigé par un leader pose les questions du mode de choix et du contrôle de l'action de ce dernier par les membres du groupe. Dans une démocratie représentative à la française, les électeurs n'ont aucun contrôle sur l'action des élus entre deux élections. Ils jouent leur avenir sur un choix renouvelé tous les 5 ans en ce qui concerne l'élection présidentielle et l'élection des députés. Ils n'ont donc pas intérêt à se tromper et les candidats ont tout intérêt à les tromper, comme tous les bonimenteurs dont la seule préoccupation est de vendre leur marchandise. Quant au contrôle de l'action du gouvernement par les députés prévu par la constitution, il disparaît quand, comme à l'heure actuelle, la majorité des députés est du même bord que le Président de la République. D'ailleurs à ce moment-là, il n'y a plus de république puisque les trois pouvoirs politiques sont confondus, mais bien dans une dictature.

Si tant de Français s'abstiennent de voter, votent blancs ou nuls (16 071 243 sur 47 568 884 inscrits au second tour de l'élection présidentielle de 2017) c'est que pour eux la parole des politiques a perdu toute crédibilité. Et on les comprend : ils votent pour François Hollande s'imaginant voter pour un socialiste pour se retrouver avec le clone de Sarkozy. Et d'une manière très générale les élus ne se sentant pas engagés par leurs promesses électorales, les électeurs ne peuvent qu'être déçus. Ils votent, certains le savent et d'autres non, pour un pur produit du marketing comme pour n'importe quelle marchandise vendue dans un quelconque supermarché, ou plutôt acheté sur internet sur la seule foi du discours et des images publicitaires, mais sans délai de rétractation ni de service après-vente. Dès lors on comprend qu'il soit difficile de faire un choix, surtout le bon choix, dans une élection aussi importante que l'élection présidentielle, surtout si l'on sait qu'il y a forcément à l'arrivée tromperie sur la marchandise. Ceux qui choisissent le font plus sous influence que par raison, d'où l'importance de contrôler les médias pour qui veut se faire élire.

Après une vie de travail passée sous une chape de plomb ne laissant guère d'espace pour un quelconque épanouissement de soi, vient l'âge de la retraite qui signifie pour beaucoup une misère accrue en plus de la maladie et de la solitude. Et ce sont ces pensions de retraite que le gouvernement de Macron veut réduire avec une réforme dont l'unique but est de donner encore davantage à ceux qui profitent déjà d'une répartition des richesses particulièrement inique. On comprend alors que ce soit dans la sphère familiale qu'une majorité de Français trouve quasi exclusivement un peu de " bonheur ".

Est-ce que la révolte, puisque c'est ce à quoi nous assistons depuis plus d'un an, peut-être un remède contre une société profondément pathogène ? Si l'on part du postulat qu'une société qui rend malade est une société malade, le simple bon sens voudrait que l'on commence par la soigner. Ce ne serait que reprendre la logique de la psychothérapie institutionnelle, pratique quasiment oubliée de nos jours, et qui considérait que le préalable indispensable du soin en psychiatrie était de soigner l'institution. Ce projet n'était en fait que la reprise au niveau de l'institution soignante de l'exigence d'une psychanalyse personnelle pour celui qui voulait exercer le métier de psychanalyste. Alors en quoi la société française serait-elle atteinte d'une maladie qui rend malade ? On connaît bien ce type de maladie et elle s'appelle perversité. Cette perversité n'échappe pas à une organisation policière qui titre sur son site, en date du 14 janvier 2020 : " Lors des vœux du ministre Castaner, la Macronie nous rejoue le vieux sketch du pompier pyromane alors que nos collègues tombent comme des mouches, jour après jour. (6)"

Ce syndicat de policiers dénonce l'hypocrisie d'un gouvernement qui porte la responsabilité de violences policières extrêmement graves à l'égard de manifestants pacifiques pour condamner ces mêmes comportements un an plus tard. Sous la pression insistante de la réalité, le chef de l'État et les médias ont dû à leur tour reconnaître ces violences. Déni de la réalité et doubles discours sont devenus la marque de fabrique des politiques et des médias qui sont à leur service. Tous les mensonges semblent permis pour essayer de convaincre les Français que tel choix politique leur est favorable ou d'une nécessité incontournable, alors qu'à l'évidence c'est tout le contraire. L'actuelle réforme des retraites offre un bon exemple de cette tentative de manipulation collective. C'est comme si un violeur voulait persuader sa victime qu'il la violait pour son bien à elle ou rendre son viol acceptable en invoquant un besoin impérieux.

De nombreuses publications sur Facebook évoquent en termes très irrespectueux l'aventure du jeune Macron qui à l'âge de 15/16 ans aurait été séduit par son enseignante de 39/40 ans qui est l'actuelle Madame le Président. Il faut dire que cet épisode de la vie du chef de l'État a été largement évoqué dans la presse et a donné lieu à des interviews accordées par la Première dame. Les internautes se font psychologues et se demandent si notre Président n'a pas été perverti par cette expérience précoce. D'autres se font juristes et s'interrogent quant à l'impunité dont a bénéficié la " séductrice ". Ils parlent de pédophilie et associent cette situation à d'autres, bien connues de la société française, et dont les auteurs ont joui eux aussi d'une totale impunité. Dans la foulée, des mères se disent inquiètes d'une éventuelle loi qui pourrait venir autoriser les relations sexuelles entre adultes et mineurs de moins de 15 ans. L'annonce d'un colloque, début 2019, ayant pour thème l'âge requis pour le consentement sexuel de l'enfant, a incendié le web.

La notion de détournement est centrale dans la définition du concept de perversion. Il s'agit toujours d'un organe, corporel ou symbolique, qui est détourné de sa fonction première. Une institution pervertie se définit alors comme étant une institution détournée du rôle qui lui est dévolu par la Loi. Ainsi le rôle social de la justice est d'appliquer la loi. La justice est pervertie quand elle ne rend plus la justice mais se met au service d'intérêts politiques ou autres. On peut supposer que dans une démocratie les institutions sont toujours plus ou moins perverties, mais depuis l'élection du Président Macron et la prise de pouvoir par son groupe, cette situation a atteint un extrême qui a amené les Français à manifester bruyamment leur désaccord. Ils se sentent trahis par un chef de l'État, un gouvernement et des députés ne gouvernant plus dans l'intérêt de la France et des Français, mais se mettant au service des actionnaires du CAC 40 et obéissant aux ordres d'une l'Allemagne qui règne sur l'Europe en contrôlant la Commission européenne. Nous assistons actuellement en France à un détournement pervers de la démocratie par une classe politique qui instrumentalise un pays dans sa totalité.

Il est classique de distinguer la perversion de la perversité en attribuant à cette dernière une dimension morale résidant dans l'absence de consentement de la "victime".En ce sens, le contrat masochiste tel qu'on le trouve dans l'œuvre de Sacher-Masoch, le lien pervers qu'il noue, s'il relève bien de la perversion, n'est pas du registre de la perversité. Quant aux "perversions sexuelles" au sens que leur donne Krafft-Ebing dans son étude sur la "Psychopathia Sexualis", mieux vaut sans doute parler de nos jours de "déviations sexuelles" ou de "variantes sexuelles" pour souligner la dimension conventionnelle, donc redéfinissable de la norme sexuelle. Mais qu'une perversion ou une perversité soient promues au rang de norme ne change rien quant à leur nature.

Il serait possible de passer en revue l'ensemble des institutions politiques pour voir en quoi leur fonctionnement est pervers, au sens de ce qui relève de la perversité, mais on se contentera de dire quelques mots de la presse et du rôle qu'elle joue dans la manipulation mentale de populations entières dans le but d'influencer les pensées, les émotions ou les comportements de leur public. Si les journalistes devaient avoir une éthique cela pourrait être celle de l'objectivité dans l'information. Or il est évident pour tout le monde depuis plus d'un an maintenant qu'il n'en est rien et que sous couvert d'informer le public les journaux télévisés et autres se livrent à une incessante propagande au service du pouvoir soutenu par les propriétaires des médias. Il y a eu d'abord le traitement médiatique du mouvement des Gilets jaunes dénoncé par l'Observatoire des médias, Acrimed (7), et actuellement la manière très partisane de parler des grèves en cours et des syndicats non collaborationnistes. Présenter comme positive pour les retraités une réforme dont le but affiché est de réduire le budget des pensions est tout simplement criminel (8). Et si le commun des mortels ne fait pas trop la différence entre journalistes, chroniqueurs et éditorialistes, auxquels il faut ajouter tous les "experts" qui viennent les entretenir des questions d'actualité, c'est aussi parce que cette confusion est largement entretenue comme celle entre fiction et réalité dans les émissions de téléréalité. Une distinction entre reportage, journalisme engagé ou d'impact, etc. n'est pas pertinente pour évacuer le problème que soulève la désinformation dès lors que les lecteurs, auditeurs ou téléspectateurs sont dans l'attente d'une information impartiale.

Une personne est dite sous influence quand elle a perdu son libre choix. Ce n'est donc plus elle qui choisit, on choisit pour elle, et ce " on "sont tous ceux qui l'induisent en erreur pour en faire finalement une marionnette dont ils tirent les ficelles. En basant sa vie sur des informations fausses, ce n'est plus sa vie que l'on vit mais un scénario écrit par d'autres. Les psychologues savent que vivre dans le faux est non seulement incompatible avec une vie épanouie, mais un trait commun à tous les déprimés de la planète. Car ce qui est alors en jeu n'est plus du registre de la frustration ou de la privation, mais touche à l'identité de la personne en créant un faux soi. Il devient ainsi difficile, voire impossible, de se rencontrer soi-même ou la réalité du monde dans lequel on vit. A partir de là, on voit mal comment il serait possible de se réaliser soi-même.

Si les Français sont plus malheureux que d'autres, est-ce cela veut forcément dire que la société française est plus artificielle, plus mensongère que d'autres ? On peut en douter. Toutes les sociétés modernes sont inauthentiques et vivent dans le faux-semblant, dans un monde basé sur des images manipulées de la réalité. Mais il n'y a là rien de nouveau. Simplement le curé, le maire et l'instituteur ont été remplacés par la télévision et internet. De tout temps les gens ont voté pour des individus qu'ils ne connaissaient que par ouï-dire ou se sont laissé séduire par les arguments de quelque bonimenteur. D'où l'intérêt, pour qui est en quête de vérité, de chercher refuge dans un monastère ou quelque autre lieu retiré, à l'abri des faux dieux.

Transformé en pantin depuis sa naissance, exilé de sa vérité, le citoyen ainsi moutonné, n'aura d'autre souci que de retrouver un maître qui lui est devenu indispensable. Il est alors prêt à jouer le rôle qui lui est attribué dans cette supercherie qu'est la démocratie représentative, en tout cas la nôtre qui est une dictature de fait. Pour imposer leur pouvoir les puissances d'argent, en l'occurrence les actionnaires du CAC 40, ont acheté l'État français avec tout ce qui va avec : la police, l'armée, l'enseignement, etc. Ils se sont aussi payé tous les outils nécessaires pour mener le troupeau là où ils le souhaitent. Et quand la persuasion ne suffit plus, il reste la violence : c'est ce à quoi nous assistons actuellement. Mais généralement le formatage à la soumission acéphale suffit et nous donne une foule de petits Eichmann, c'est-à-dire des individus pour lesquels l'obéissance à l'autorité est la valeur suprême. Mais les choses ne sont évidemment pas aussi mécaniques, et Arendt a négligé dans son portrait de l'homme ordinaire qui obéit au lieu de penser, la dimension transférentielle à l'image paternelle incarnée dans la personne du chef suprême.

La réponse du criminel nazi à la planche paternelle du TAT (7 BM) est intéressante à cet égard : " Père et fils. (En parlant du fils) Moralement inférieur. Débauché... (Pause) ... Débauché... L'expression du visage du père... sournoise... il parle avec le fils d'un sujet sombre... drogues... contrebande... Le fils me donne l'impression d'un toxicomane. L'expression du fils nous dit qu'il est très indécis. (Que va-t'il se passer?) L'attitude de la bouche du fils tend à la brutalité. Je crois qu'il va accepter l'offre du père. La bouche, les lèvres me disent qu'il est capable de le faire."

L'image du père est loin de celle, habituelle chez le névrosé, d'une autorité représentant la loi et venant interdire au fils l'accès à l'objet maternel. Là, au contraire, le père est le complice du fils dans la transgression, et même il le pousse au crime. Pourtant les mots utilisés pour décrire le père et le fils montrent la présence d'un jugement moral. On peut en déduire un clivage du moi permettant de faire coexister sans conflit une relation perverse à un père qui n'est plus le symbole de la loi, mais de sa transgression, et une conscience morale (surmoi) gelée. Le clivage rend le surmoi inopérant en mettant le moi à l'abri de l'angoisse et de la culpabilité qui s'abattent habituellement sur le névrosé quand il risque de transgresser la Loi.

Pour ceux qui veulent s'approprier le pouvoir et l'argent dans une démocratie, la tactique consiste à maintenir le peuple dans l'ignorance de la chose politique et à l'infantiliser au maximum. Fournir à un individu ou à une foule les réponses à des questions qu'ils ne sont pas encore posés est sans doute le meilleur moyen pour les exclure de la pensée. Pour que cette dépossession soit efficace, il faut que le spoliateur avance masqué pour être crédible et susciter la confiance. Mais, le masque ne cessant de tomber, il ne devrait plus être possible de faire confiance à des politiciens dont on sait que tout l'art réside dans leur seul talent de duper d'éventuels électeurs. Pourtant ce n'est pas le cas et nombreux sont les aveugles qui veulent le rester. J'ai été étonné par la cécité mentale de ceux qui ont pris la défense du leader de l'extrême gauche française quand il s'est aventuré à défendre un millionnaire auquel la justice d'un pays étranger reprochait des malversations financières et qui, libéré sous caution, avait pris la fuite. L'argument, répété en boucle pour justifier le comportement surprenant de quelqu'un qui se présentait habituellement comme étant le défenseur du prolétariat contre le capital, était qu'il ne défendait pas la personne mais dénonçait la maltraitance du prévenu par la justice et le non-respect des droits de la défense (9). Qu'un leader d'extrême gauche se fasse l'avocat d'un millionnaire en pleine crise sociale devrait pour le moins interroger ceux qui adhèrent au parti du prolétariat. Mais non, ils se contentent de justifier, et même d'approuver, l'attitude de leur leader en reprenant en chœur : " Il n'a pas défendu la personne, mais les droits de la défense." On se demande pourtant comment la justice d'un pays capitaliste pourrait maltraiter un millionnaire accusé d'un délit financier avec tout l'argent dont il dispose pour se payer les services des meilleurs avocats et avec toutes les télévisions de la planète braquées sur lui. En tout cas, s'il a réussi à prendre la fuite, c'est qu'il avait été libéré sous caution et était en résidence surveillée. Ce qui lui a permis de financer son exfiltration en faisant appel à un organisme spécialisé (10). On voit que le besoin de donner un sens à leur vie et de restaurer ainsi leur narcissisme peut amener des militants jusqu'au sacrifice de leur intelligence.

La presse française et une certaine gauche auront réussi à faire d'une personne, membre connu de la classe des "très riches" et inculpée par un Etat de droit, une victime et un héros. Après il est vrai qu'en France la clémence de la justice est directement proportionnelle au contenu du porte-monnaie, ce qui fait qu'un pauvre peut être condamné à la prison ferme pour le vol d'un fromage (11) sans que personne ne s'indigne. Ceci sans doute parce que le fait est habituel ou en tout cas bien plus fréquent que la condamnation d'un politique ou d'un " ultra-riche ".

Beaucoup de Français prennent la défense du millionnaire en question, et se félicitent de sa fuite, sans doute par solidarité nationale, indifférents en cela à la différence de classe. D'autres pensent que le riche est coupable du seul fait de ses millions. Ils privent ainsi le prévenu de la présomption d'innocence dont il est pourtant supposé bénéficier. Dans l'ensemble ces réactions montrent que rares sont ceux qui s'interrogent sur les faits, ou sur les réponses qu'ils apportent à des faits dont ils ignorent tout, ou presque. On en viendrait à regretter la "docte ignorance" que professait en son temps Nicolas de Cues. Tous pensent en fonction de clichés qui leur ont été fournis par d'autres, les médias en particulier, ou qui sont déjà présents dans leur mémoire comme autant de préjugés. Mais surtout il n'est pas question de remettre en cause ces stéréotypes, comme si leur survie en dépendait. Une autre illustration de cette pensée qui ne pense pas nous est fournie par la représentation qu'ont beaucoup de Français du Front National devenu le Rassemblement National, et de son leader, Marine Le Pen. Les clichés qui leur sont les plus fréquemment associés sont : racistes, xénophobes, nationalistes, identitaires, fascistes, etc. Cette image, qui peut s'expliquer par les conditions de la création du parti par Jean Marie Le Pen au début des années 70, perdure essentiellement par l'action de la propagande médiatique et des politiques hostiles à un mouvement qualifié habituellement d'extrême droite. Alors même que la définition de ce qu'on appelle " extrême droite " reste problématique (12), pour beaucoup ce parti est synonyme de racisme et de fascisme, ce dont les leaders du FN/RN ne cessent de se défendre. Là aussi il paraît vain de vouloir questionner un cliché bien ancré par la propagande dans la conscience collective. Il m'est arrivé de demander autour de moi pourquoi les gens considéraient les sympathisants du FN comme étant des racistes ou des fachos. Beaucoup répondent : " c'est comme ça ", et se montrent surpris que quelqu'un puisse se poser pareille question, d'autres se réfèrent à des paroles malheureuses du père Le Pen remontant à plus de 40 ans, d'autres encore répondent : " s'ils le disent à la télé c'est que c'est vrai ". A trop insister, on finit par être soupçonné d'être soi-même un raciste-facho. On voit que ces clichés fonctionnent comme des pensées réflexes résultant d'un conditionnement dans lequel les médias jouent un rôle de premier plan. On assiste actuellement à quelque chose d'identique avec le terme de " populisme " dont personne ne semble trop savoir ce qu'il veut dire sauf qu'il désigne le nouveau " mal ". La technique du conditionnement est simple : vous prenez un mot et vous lui associez un maximum de valeurs négatives, ensuite vous répétez le tout jusqu'à ce que l'association-réflexe soir créée.

Si fin 2018 le mal-être Français est devenu révolte contre les autorités politiques, et tout particulièrement contre le chef de l'État et le gouvernement, mais aussi contre les députés " godillots " et d'une manière plus générale contre l'ensemble des institutions publiques, ce n'est évidemment pas un hasard, mais le résultat d'un profond malaise ayant pour cause une gouvernance déficiente que j'ai situé du côté de la perversité. Ce détournement pervers de l'État a eu pour corollaire une dépossession matérielle et morale grandissante des Français. Une évidence s'impose : il est difficile d'être heureux dans un pays quand ceux qui le dirigent trahissent la démocratie et gouvernent contre l'émancipation du peuple et ses intérêts, instaurant un despotisme digne d'une république bananière.

1)https://www.ash.tm.fr/les-travailleurs-pauvres-de-plus-en-plus-nombreux-selon-linsee-522407.php

2)https://www.latribune.fr/economie/france/les-pauvres-sont-de-plus-en-plus-pauvres-selon-l-observatoire-des-inegalites-726446.html

3) Claudia Senik What makes the French so unhappy?Joie de vivre appears to have eluded the people of France,

https://www.ft.com/content/07920018-9c8c-11e2-ba3c-00144feabdc0

4)https://atlasocio.com/classements/societe/bonheur/classement-etats-par-indice-de-bonheur-monde.php

https://fr.wikipedia.org/wiki/World_Happiness_Report

5) https://www.capital.fr/polemik/faut-il-retablir-le-service-militaire-en-france-1223617

6)https://france-police.org/2020/01/14/lors-des-voeux-du-ministre-castaner-la-macronie-nous-rejoue-le-vieux-sketch-du-pompier-pyromane-alors-que-nos-collegues-tombent-comme-des-mouches-jour-apres-jour/?fbclid=IwAR3GxwFjjM8Na3k9VKMfIMgzht7sPE9AJcsb-G2VI9qpvP31TE6j-VFblm4

7) https://www.acrimed.org/Dessine-moi-les-medias-gilets-jaunes-et-mepris

8) https://www.acrimed.org/Retraites-50-nuances-de-galeres-au-20h-de-France

https://www.acrimed.org/Retraites-les-editorialistes-sur-le-pied-de

9)https://www.lepoint.fr/politique/melenchon-defend-la-fuite-de-ghosn-et-critique-la-justice-japonaise-07-01-2020-2356449_20.php

10)https://www.lecommercedulevant.com/article/29574-carlos-ghosn-aurait-perdu-40-de-sa-fortune-depuis-son-arrestation-selon-bloomberg

11)https://france3-regions.francetvinfo.fr/occitanie/3-mois-prison-ferme-vol-fromage-homme-qui-avait-faim-toulouse-1137481.html?fbclid=IwAR09_iA43HT7rPQAam6FL8Mb8AnSMtoRaUq1JDeQ36WtCnVhlBUFzNo1UcM

12) https://www.franceculture.fr/politique/le-front-national-est-il-un-parti-dextreme-droite



 


© 2024